Une gageure que de réussir à conjuguer ces trois concepts !!
un "travail" bien avancé ! |
L'écopaturage suppose un entretien de parcelles souvent embroussaillées et peu nourrissantes ; l'élevage , quant à lui pousse à une nourriture plus riche, le tourisme demande une jolie mise en scène des animaux et des lieux.
certaines associations locales apprécient le voisinage des ânes pour leurs animations ! Témoin cette invitation sur un réseau bien connu ! |
Et pourtant réussir à réunir tous ces impératifs est la clé d'une bonne gestion ecologique et humaine.
S'il y a une chose que le temps et l’expérience m'ont
apporté en élevage c'est que les animaux aiment "herboriser", entendons
par là qu'il choisissent leur nourriture..Ouvrir de grands espaces
variés peut, face aux exigences économiques, paraitre "gâcher" car les
animaux peuvent piétiner des ressources alimentaires mais ne leur
laisser que le choix de se nourrir d'un petit espace qu'on leur impose
risque de provoquer quelques problèmes sanitaires.
Il est donc
important à mes yeux que mes ânes aient le choix entre l'herbe (et plus
elle est de composition diversifiée, mieux c'est !) et des branchages :
saule, ronce, ortie apportant de nombreux nutriments nécessaires en plus
des fibres dont l'âne est friand et qu'il sait valoriser (digestion
très différente du cheval)
Choisir les animaux selon leur état et la nourriture à disposition et les faire tourner est impératif pour l'écopaturage |
A Uzerche, nos ânes bénéficient de plusieurs lieux de pâturage, différents dans leur flore mais aussi par leur exposition aux promeneurs. Deux d'entre eux sont très pentus et peu accessibles pour l'affouragement ou le portage d'eau d'abreuvement.
les pentes ne sont pas un problème, presqu'un jeu !!
Sur ces deux là, l'une comprend aujourd'hui une partie en herbe non négligeable (la préférée des animaux !) et d'autres coins plus envahis de végétaux taxés de "mauvaises herbes" (mais toutefois recherchés à la saison des confitures !) dans lesquels nos animaux ne s’aventurent qu'à certains moments de l'année : comme au moment de la pousse des arbustes ou ronces et lorsque les mûres les attirent.
L'autre parait foisonnante à l’œil du passant mais elle ne pousse qu'en hauteur (liseron, orties ...etc) et laisse le sol moins herbu, moins propice pour nourrir les animaux.
Nous la réservons à la fin de saison et aux animaux un peu ronds; mais nous la faisons aussi déprimer en début de saison quand les pousses sont à leur pleine expansion et l'herbe tendre.
Ce qui coïncide bien avec les demandes des promeneurs. En effet les ânes sont aux plus beaux jours dans la grande parcelle très visitée qui longe un chemin de randonnée.
L'expérience lancée il y a quelques années pour tester l'acceptation des animaux en ville à Uzerche est en effet plébiscitée par les habitants qui réclament les animaux dès les premiers rayons de soleil.
Certains ânes restent à Uzerche à l'automne mais sont moins visibles
coucou !! |
Les demandes d'écopaturage évoluent souvent dans le temps, les clôtures sont en conséquence légères et amovibles et nous sommes quelquefois appelés à intervenir d'urgence sur des arbres vieillissants tombés sur les clôtures,
service maison d'intervention rapide ! Avant que les ânes jouent à l'escape game en ville! |
Les parties dites "envahies de broussailles" sont contenues par les ânes,, certains massifs régressent mais c'est surtout leur progression que les animaux empêchent, on peut vouloir aller plus loin jusqu'à leur disparition il faudra alors adjoindre au pâturage une intervention manuelle en coupant les tiges laissées sans feuilles par les ânes et gagner ainsi au fil du temps dans le massif : cela resterait un entretien doux compatible avec l'approche d'écopaturage.
Parfois on est tenté d'intervenir plus fort avec des outils plus importants en débroussaillant complètement les lieux...Pour cela il faut veiller aux saisons d'intervention (car ils constituent des niches écologiques) . Il appartiendra alors aux animaux de lutter contre la repousse inévitable !!
J'évacue sciemment les interventions chimiques, incompatibles avec le pâturage car dangereux pour les animaux sans parler des dégâts écologiques . Aucune inquiétude de ce coté, la commune d'Uzerche s'est lancée il y a bien longtemps dans une démarche sans traitement et les pâtures que mes ânes occupent sont certifiées en agriculture biologique .
Et c'est justement dans l’excès passé d'entretien que se situe notre dernier lieu de pâturage à Uzerche. C'est un terrain regagné pour partie sur des remblais ...qui a donc une très faible épaisseur de terre. Or par le passé il a été broyé jusqu'au niveau du sol et il est depuis envahi par des mousses qui ne permettent que très peu la pousse de l'herbe On ne peut le proposer aux ânes qu'en début d'été. Les ânes le pâturent souvent la nuit, passant leur journée sous un véritable fourré à l'ombre et au frais, (de l'eau y circule) un peu protégés des insectes De fait, il sont alors assez peu vus par les nombreux visiteurs (parcours santé, jardin d'enfants..) . Le soir nous les voyons sortir de leur cachette en même temps que les onagres ouvrent leurs fleurs !
Présente sur le terrain l'onagre bien nommée Herbe aux ânes ! |
L'autre partie du terrain voit de nombreux genêts pousser (ancien bois ?) , et les ânes n'y touchent pas beaucoup.
Nous avons le sentiment d'avoir trouvé un équilibre certes instable, selon la météo, les autres activités de nos ânes mais qui permet aux Uzerchois et aux touristes d'apprécier la compagnie de nos animaux tout en entretenant les lieux et sans que les animaux en pâtissent.
Pour un éleveur l'écopaturage n'est pas une solution de facilité, mais elle apporte bien des satisfactions . Actuellement les réseaux sociaux mettent en avant des initiatives qui se développent un peu partout. nous avons des amis parmi les pratiquants, nous avons œuvré aussi pour que certains projets aboutissent (comme pour rester sur un exemple correzien avec la ville de Tulle )
Et pendant les vacances j'ai été ravie de voir ce simple panneau explicatif...qui allie la préservation de races locales * (notre dada) à la gestion d'espace
* nous élevons hors de leur berceau d'origine des ânes de race normande et cotentine, puisque nous nous sommes réinstallés en Corrèze après 20 ans en NOrmandie. Nos ânes ont fait partie du voyage et se sont bien acclimatés ...
Je peux aussi expliquer pourquoi il est indispensable pour leur sauvegarde que certains animaux soient élevés hors berceau de la race ...une autre fois !!
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