Dans le cadre des journées du patrimoine, nous avons été invités à faire une présentation de la biodiversité domestique que nous argumentions essentiellement à partir de notre expérience d'éleveurs et utilisateurs d'animaux de races dites de terroir (races souvent menacées de disparition compte tenu de leur inadaptation aux systèmes intensifs) et aussi sur celle de Jean François, en tant que relais du Ministère de l'agriculture auprès des éleveurs pour les animaux de trait lorsqu'il exerçait au sein des Haras Nationaux *
Ici Normandine et sa fille Triolette à ma ferme de la Mercerie dans le Perche
- chèvre des fossés , les animaux que j'ai élevés et qui partaient de loin tant le cheptel était décimé et consanguin mais qui est aujourd'hui considéré sauvé
mes moutons roussins à la Mercerie photographiés pour une exposition sur le Perche(cf ci dessous) | |
- le mouton Roussin de la Hague, qui a failli disparaitre lorsque le plan "tremblante" est apparu, problème pris à bras le corps par les éleveurs qui ont su susciter l'écoute des autorités pour retarder l'application du plan en s'engageant à accélérer le renouvellement du cheptel trop sensible à la maladie)
Phénomène qui m'a propulsée dans la sélection animale et un milieu qui m'a portée pour la reconnaissance de mon rôle dans cette action. Aujourd'hui ce mouton est reconnu comme race herbagère
préface de Jean François Cottrant pour cet ouvrage, où l'on lit toute sa passion pour cet animal |
- les ânes normands et cotentins en tête, mais aussi élargissement à tous les ânes de France, qui restent quant à eux toujours dans une situation périlleuse.
- la souche "mixte" de la vache normande ...qui a failli disparaitre au profit de la souche très laitière poursuivant la Pri'Holstein...et qui permet l'élevage de veaux qui tètent leur mère dans les prés.
- les chevaux de trait avec l'évocation des chevaux percherons diligenciers "revenus" d'Amérique pour retrouver des types plus performants à l'attelage.
Mais nous avons aussi, sans en avoir la pratique évoqué les races limousines , de la vache figure emblématique et dont le développement dépasse les frontières , la brebis, mais aussi le porc cul noir et les poules
les mouches de pêche |
Ces deux derniers ont permis d'illustrer des initiatives ou des débouchés inattendus comme les mouches de pêche pour la poule fabriquées à partir des plumes de coq très particulières ..qui auraient largement participé à "sauver" cette race.
les jeux d'Yves Renou aux éditions Paille aujourd'hui transmises à différents niveaux |
Pour le cul noir, le jeu baccade et ses notices* étaient la démonstration à la fois du désarroi et la solitude de l'éleveur passionné qui voit la race qu'il chérit péricliter et l'inventivité pour la mettre sur le devant de scène et interpeler le grand public .
en patois le bestiaire dont extrait lu sur l'âne |
Le Limousin n'ayant pas choisi de sauvegarder une race
d'ânes limousins, c'est donc sur des témoignages écrits (Marcelle
Delpastre lue en patois) et photos (dont celle de Robert Doisneau
contenue dans le livre d'expo "en passant par la limousin") que nous
avons étayé notre propos sur la présence évidente et souvent oubliée (les nombreux "charretous" dans les granges en sont une preuve irréfutable) de nombreux ânes sur le territoire, ceux ci étant l'animal de transport et aide de la fermière (et souvent plutôt la femme du métayer)
Évidemment le principal écueil était de sombrer dans la technicité barbante devant un auditoire qui découvrait le sujet, nous avons essayé donc d'être vulgarisateurs sans nier l'aspect technique de la démarche qui aurait pu paraitre à certains folklorique ( et en ayant sous le coude les documents qui pourraient répondre aux questionnements pointus) et en faisant le lien avec le coté patrimonial de la démarche (héritage des savoir faire, recherche de témoignages écrits, traces de présence...) et social (regroupement d'éleveurs et amateurs, présence dans différents milieux et utilisation à des fins de médiation) et son imbrication totale avec le patrimoine bâti (la vie rurale a dans le passé dessiné routes et villages et aujourd’hui ces animaux très rustiques entretiennent les espaces contribuant à la biodiversité naturelle)...
Beaucoup à dire sur le point de vue de Le Corbusier qui correspond à une époque et à l'urbanisme pensé autour de la voiture aujourd'hui remis en cause ; mais lien fait entre ânes (et autres troupeaux) et naissance des cités.
Quant à l'avenir que nous avons juste effleuré , difficile de se projeter dans le dérèglement climatique , certes ces animaux se passent des usines d'aliments qui tournent avec force carburants fossiles.
L'avenir n'est pas écrit mais ils représentent pour nous une diversité génétique ...dont il serait hasardeux de se priver.
Néanmoins leur sauvegarde reste fragile , repose souvent sur quelques passionnés ...et surtout sur l'existence et la création de débouchés quels qu'ils soient..
Un titre qui dit tout ! |
* Yves Renou l'auteur de Baccade ayant récidivé avec les jeux fais pas l'âne, la vache amoureuse (du superbe Marcel taureau limousin) ou encore les moutons rebelles
Ces jeux étaient donc exposés au même titre que des ouvrages techniques, ou d'élevages , ou beaux livres de photographes reconnus participant à la même démarche.
* certains éleveurs ont remercié publiquement Jean François pour son aide dans la reconnaissance de race comme nos voisins pour le cheval de race Auvergne.
Par juste retour des choses, nous renouvelons ici publiquement nos remerciements pour cette mention.
A notre tour de remercier dans l'ordre d'apparition de l'article.
Philippe Deschamps pour les photos de mes animaux
François Fillâtre qui a cherché les mouches de pêche
la médiathèque d'Uzerche pour m'avoir prêté le bestiari Limousi de Marcelle Delpastre
Simone Loubriat qui a lu dans le texte l'extrait du bestiari limousi
Alain Besse pour sa lecture de l'extrait de Le corbusier
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