jeudi 23 octobre 2025

shinkansen zero kei .. les rêveurs ont gagné !

 Le Shinkansen :L'histoire de ce train à grande vitesse inauguré pour les jeux olympiques au Japon de 1964 ne manque pas d'attirer de multiples commentaires quant à son impact tant sur le plan international qu'intérieur .


Il faut reconnaître qu'ils l'ont fait !! Oui cette ligne revolutionnaire pour l'époque roulant à plus de 200 km/h a été une prouesse technique jamais désavouée.

Et pourtant la petite histoire aura donc donné raison aux "rêveurs" tels qu'étaient qualifiés ceux qui prônaient un réseau de voies plus larges (au standard international) pour ce train face à ceux qui auraient voulu étendre le réseau avec les voies étroites qui étaient en cours dans le pays , notamment pour permettre une circulation plus facile en montagne.

Comme quoi les rêveurs .... Rien que cet éclairage me raconte déjà une histoire!

Les "rêveurs" n'ont pourtant pas reculé devant des travaux colossaux pour permettre cette circulation créant moult tunnels et viaducs qui de plus devaient répondre aux contraintes sismiques du pays. 
En effet,  quoi qu'atteignant aujourd'hui par endroit la vitesse de 320km/h le shinkansen reste un train très sûr et ponctuel (sur des voies qui lui sont donc réservées, ceci expliquant cela sans doute) 
 Bien sûr la culture japonaise, sa recherche implacable de perfection en tous domaines alliée à la méritocratie admise par tous n'y est pas étrangère ... L'incertitude ne fait pas partie du logiciel des Japonais ! 
Mais quand même  ce train reste une prouesse technique qui a un coût certain...tant urbanistique que financier qui a failli le voir condamné avant sa privatisation... 
Privatisation qui n'a pas pour autant achevé le projet tel qu'initialement prévu. 

C'est ainsi que cette première ligne fut baptisée ligne zero, d'où le titre du jeu Shinkansen zero kei
En effet , et ce bien au delà des JO,  un plan de développement était adopté. 
Il reste de plus aujourd'hui réservé aux bourses qui peuvent se le permettre et surtout ne sera jamais un train de transport de marchandises projeté à l'époque.

ces villes appellent à de nombreuses préparations de chantier (enlever ces tuiles chantier = 1 action)

Le jeu dans son préambule et ses mécanismes ancre son histoire dans la construction du train olympique de 1964 . avec les lignes de Tokyo à d'Osaka reliant Kyoto, Nagoya et Yokohama .

au départ on a la tete et la queue du train,à chaque manche on ajoute un wagon toujours juste avant le wagon de queue , certains wagons mentionnent deux gares (leur coût est double) mais il font gagner des jonctions facilement . en effet le scoring final accorde des points aux wagons dont les numéros se suivent: ici 4, 5 ,6 .par contre le 3 forcera la joueureuse à une action pour réorganiser son train si elle peut en bénéficier ! 

En début de jeu , chaque joueureuse se voit attribuée une locomotive (au choix) et un wagon de queue (tous identiques) et devra à chaque manche du jeu allonger son train par des wagons (qui lui attribueront les principaux points de victoire en fin de partie )
Ces wagons offre des actions possible à son tour de jeu. C'est là le moteur du jeu.

En effet il n'y a pas dans le vrai shinkansen de locomotrice à proprement parler, tous les wagons ont une action de mouvement (automotrices) ... 
On peut voir ici un effort de contextualisation pour peu qu'il soit explicité.

 (le nombre d'actions possibles est déterminé par une carte de manche)

les cartes de manche qui octroient chacune un nombre d'actions pour la manche :ici 3,3,2,2 et 3, elles proposent comme les wagons des cations: pose de voie, pose de vasque, avancer une couleur de gare sur la piste...etc

 Ces actions peuvent être de préparer un chantier d'une ville (nécessaire avant de construire quoi que ce soit), construire une gare ou une voie face à cette ville.  
Certaines permettent  de se refaire un peu de monnaie (on court toujours après l'argent puisque la ligne coûte très cher) et aussi -et cela m'a questionnée -d'augmenter la valeur des villes possédant une voie et une gare. 
Il y a souvent beaucoup de spéculation immobilière autour de ces grands projets et on  comprend bien l'idée) 
Il faut cependant objecter que dans le cas de la privatisation du shinkansen, certains bénéfices spéculatifs immobiliers ont été réinjectés dans le shinkansen lui même ... 
Ce qui interroge sur l'urbanisme en général où l'action publique finance alors que le privé spécule à partir de ces charges qui pèsent sur la société. Réinjecter ces bénéfices dans le projet serait il une clé ? je vous laisse méditer !

pour l'instant les gares dorées sont en avance sur la piste, ce qui ravit la joueureuse qui a les wagons des villes où sont ces gares. a noter qu'une gare peut être posée sans voie...mais sans voie la ville vous otera des points, il y a urgence à poser une voie donc !

Donc dans le jeu plus la gare avancera sur sa piste plus le scoring des wagons de cette gare sera élevé en fin de partie. (pourvu que la ville portant cette gare soit desservie par une voie)

Une course pour les places sur le podium est un élément très important dans le jeu qu'on néglige parfois en début de partie ...
Dès qu'on a construit un peu son jeu, démarre un vrai  sprint  pour augmenter nos gains de train... 
Sur ce point comme dans toute course il y a une interaction féroce qui fait bien couiner...

En glissant sur l'échelle finale de points à droite: 1 gare dorée rapportera sans doute 6 points puis la blanche 3 etc mais tant que la dernière manche n'est pas entièrement jouée, rien n'est fait !

Autre point d'interaction ... les voies construites n'appartiennent à personne ...mais elles ne sont valorisées que si vous en avez le bon wagon dans votre train (et parfois on en brigue qui nous passe sous le nez ou dont on n'a pas les moyens!) .
 Par contre avoir un wagon d'une ville non desservie coûte cher (moins 3 points en fin de partie)

les cartes wagons à choisir, par gris le premier puis rouge puis jaune et enfin vert. Vert a besoin d'argent , ce pourquoi il s'est positionné en bas, rouge n'a pas eu le choix et gagne 1 yen seulement !

ET le tour de jeu est établi d'après notre position sur un mini plateau, qui accorde lui aussi quelques bonus. on ne choisira donc pas toujours d'être le premier à choisir un wagon...Dilemme entre le bonus et la primauté au choix !

Durant le jeu, on est toujours très tendu 

valoriser chaque action: un casse tête !

Enfin une action permet de poser ses vasques dans un site olympique... octroyant quelques bonus (dont le très fort de réorganiser ses wagons)  mais surtout de regagner les point d'une ville (positifs ou négatifs si non desservie) 
Le jeu oblige à poser ces vasques; ne pas le faire coûte aussi très cher (moins 3PV par vasque). 
Bah oui , évidemment que le jeu vous demande de participer aux sites olympiques et pas seulement d'en faciliter l'accès !!!!
 En outre ces vasques posées rapportent un yen en début de manche... à ne pas négliger.

Quant à exposer aux joueurs qui découvrent le but du jeu, j'ai trouvé ça assez difficile tant les mécanismes sont imbriqués : bien sûr il faut construire des voix pourvu qu'on puisse les valoriser par nos wagons, sinon on aide les autres.  Bien sûr il faut avoir les bons wagons et qu'ils se suivent si possible sur la carte du réseau ..encore faut il qu'ils soient desservis ...
Bien sûr avoir la majorité sur les vasques peut être un bel avantage ...mais aussi un poids si le score est négatif.
Bien sûr avoir les wagons des villes dont les gares sont les mieux placées sur la piste de valeur est certainement le plus rémunérateur mais il faut anticiper et guerroyer pour gagner la course.
Je ne détaille pas ici tous les détails du jeu (coût de construction fluctuant des voies, décroissant des gares etc..;) même si tout ça dit beaucoup de choses sur le prix de la rareté, les difficultés de construction ...etc bien retranscrites dans le jeu !

En dehors des sensations de jeu indispensables (tension, calcul, frustration, satisfaction..) ce jeu m'a plongé dans une page d'histoire et d'économie (et même de finances déconnectée de l'économie.!.. )
Ce sont ces perceptions là qui font que je n'oublie pas un jeu.. 
Avoir cherché à plonger dans l'univers, m'être interrogée sur ce que ça véhicule (!!) donne du corps à mon plaisir (ici ma rage) de la partie 

Bref Shinkansen zero Kei est un jeu facile dans son déroulement (quelques allers retours à la règle parfois malgré une aide de jeu home made) mais tellement imbriqué qu'il devient casse tête. 

Et si en plus vous vous immergiez dans l'univers qu'il survole ... quelles découvertes vous attendent !

On y entre facilement , et au fur et à mesure de la partie, on mesure qu'on n'a pas fait ce qu'il fallait;  alors on essaie de corriger mais d'autres prennent la place et puis nos gares sont peu valorisées bref on est en perpétuelle réadaptation ...on court après une chimère mais parfois non ça se concretise!
Alors on a bien joué le coup ! ça s'est joué à peu ...et si ...bref on n'est jamais vraiment satisfait de soi !
 Un effet "contrer une joueuse en avance quand les autres se liguent" est possible ...J'en ai été la victime... et c'est vraiment rageant ! (et l'esprit olympique dans tout ça ?!)


Notre maîtrise dépend vraiment du nombre de joueureuses..(comme dans la vraie vie , la multiplications des acteurs avec leurs propres objectifs complexifient l'approche économique)

A 4 , il est difficile de bien suivre ce que les autres font comme toujours (en tout cas , moi je ne les ai vus venir que tardivement !! ) et la partie tourne vite court !

Le nombre d'actions total octroyé par les cartes-évènements varie selon le nombre de joueurs, sinon les temps d'attente pourraient s'éterniser pendant qu'un joueur déploie ses actions.
Je l'ai trouvé un peu plat à deux: certes on peut mieux suivre le jeu de l'autre mais il n'y a pas assez de tension sur la carte!
La partie s'étale cependant toujours sur 5 manches .(les 5 jours ouvrés de la semaine ????)

 les actions possibles avec ces wagons étaient de diminuer le coût d'un wagon ou de placer une gare. en 

Ce qui fera dire aux joueureuses qui le découvrent qu'après une partie il faut en refaire une et qu'on ne la jouera pas pareil !! (On peut refaire l'histoire dans les jeux !)
Il faudrait ajouter à cela que le jeu est différent selon le nombre de joueureuses 

Méfiez vous des allures de cette petite boîte au format très prisé des auteur et autrice (cathédrale rouge, château blanc) elle cache un jeu qu'on ne maîtrise pas d'emblée...et qui nous propose une petite heure de réflexion intense . 
Un jeu où on ne pourra pas tout faire et où parfois on pourra bénéficier par hasard de la construction des autres ... C'est un jeu ...et il y a des opportunités parfois qui nous servent... ou nous desservent !

Finalement on pourrait dire que le but du jeu est de participer à la construction des voies et des sites pour le bon déroulement des JO..
L'important c'est donc de participer :clin d'oeil à Coubertin!
 Mais y ajouter pour gagner il faudra aller plus vite, plus fort ... 

quelques retours aux règles pour les subtilités d'actions

Et pour ceux que ça intéresse ce train est inspiré par le bec du martin pêcheur long et allongé (ce qui comble les adeptes de l'analogie animal technologie)  pour éviter les ondes de chocs dans les tunnels ...appelé aussi "bullet train", aujourd’hui remplacé .
Ce train est aujourd'hui un sujet d'études avancées pour être automatisé.

 Il n'est pas retourné dans l'oubli après les JO de 1964 (heureusement vu le chantier ) mais il a révélé au monde l'avance technologique du Japon lui permettant de redorer son blason après la défaite de la guerre, redonnant ainsi confiance aux Japonais dans leur économie.
Il aurait de plus permis une unification des générations dans la population tant  par les communications physiques comme le train et les routes que radiophoniques mais aussi par l'encouragement aux sports collectifs assez peu présents dans la culture nipponne auparavant.
Il y aurait pu avoir une nouvelle édition des JO en 2020 sur les mêmes sites rénovés, mais le covid l'a repoussé en 2021et sans public...ce qui n'en fera pas un phénomène culturel comme l'ont été ceux de 1964.

 

Un jeu de Sheila Santos et Israel Cendreros 

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