Sur ce blog j'ai déjà partagé des conférences ayant eu lieu sur des festivals qui m'ont particulièrement éclairée, touchée .
Ces conférences sont très intéressantes et je ne peux que conseiller de prendre le temps de les écouter.
Néanmoins dans les dernières minutes de certaines, un sujet remonté, qui je le sais est aussi en débat devant le GIJS, m'a quelque peu crispée et j'ai cru y revoir l'ombre de débats déjà rebattus ailleurs, que j'ai vécus dans d'autres horizons professionnels assez proches.
Aussi j'apporterai mon témoignage en forme de coup de gueule sur le sujet qui ne demande qu'à être enrichi d'autres points de vue pourvu que l'échange se fasse en bonne intelligence.
le sujet est sur les droits des auteurs de jeu pour l'utilisation de leurs jeux dans la sphère publique
Je
suis franchement étonnée de voir les passeurs de jeu comme les bars à
jeux , ludothèques soupçonnés de spolier les auteurs en présentant les
jeux dans leurs structures et ce d'autant plus que lors des rendez vous
avec les éditeurs, ceux ci nous demandent d'allier la démonstration d'un
jeu à une possibilité d'achat car c'est en jouant qu'on prend l'envie
de passer à l'acte d'acquisition.
J'ai
toujours considéré que les règles, pouvaient être un barrage pour
nombre de gens à jouer . Je passe beaucoup de temps à les apprendre et
trouver le moyen non seulement de les expliquer mais aussi de faire
rentrer les visiteurs dans un jeu.
Je crois ainsi contribuer au développement de ce loisir
J'en
veux pour preuve mes visiteurs au ludogîte qui découvrent les jeux et
repartent un peu joueurs mais aussi les joueurs que j'accueille dans
notre maison jeux d'Uzerche qui ont appris avec ces soirées à découvrir
les jeux contemporains et aussi à défricher leurs goûts pour ne pas se
tromper de jeux qu'ils offrent ou achètent pour leur propre compte ...
Ma boutique de jeux m'a confirmé que ces joueurs lui rendaient ainsi visite et achetaient sur mes recommandations et les leurs puisqu'ils avaient acquis des connaissances pour mieux formuler leur demandes.
II
y a presque 10 ans le même débat agitait les lectures à voix haute pour
lesquelles les auteurs (et surtout leurs représentants) tentaient de
réclamer des droits sur ces opérations auprès de publics jeunes ou moins
jeunes
Ce sont ces mêmes auteurs qui ont œuvré pour que cette mesure
ne soit jamais mise en application pour permettre l'accès à la
littérature par le média de personnes qualifiées.
Ainsi se feront les jeunes lecteurs qui réclameront des livres à leurs parents et deviendront des lecteurs adultes .
Quant
aux lecteurs adultes ils puisent dans ces moments des idées de lecture ,
discutent et alimentent ainsi leur passion du livre
Le milieu du livre l'a bien compris ! Il y a un fort besoin de cette émulation pour qu'il continue d'exister et se développe !
Et c'est justement l'approche culturelle qui a fait rétropédaler cette action lancée par je ne sais quel biais.
Daniel
Pennac (au nom d'un collectif d'auteurs) étant lui même monté au
créneau auprès des législateurs pour en dénoncer l'absurdité !
Il n'en reste que quelques miettes ..des autorisations qu'une poignée d'éditeurs exigent.
Dès
sa suggestion , l'application de cette mesure était presque avortée:
d'abord il y avait eu consensus sur l'exception pédagogique en milieu
scolaire, et puis elle a été étendue à la lecture publique dans les
médiathèques , et puis aux associations qui œuvrent pour que tous
accèdent à la lecture telle lire et faire lire et finalement le constat a
été qu'on ne pouvait proposer une telle mesure ! Que ça écarterait de
la littérature trop de gens !
Évidemment je ne parle pas là d'adaptation au théâtre d’œuvres littéraires qui quant à elles sont soumises à accord et transmissions de droits.
Pour
moi le milieu du jeu se fourvoie car avant même d'être reconnu comme
objet culturel il commence à viser la scie de la branche sur laquelle se
développe le jeu.
Que les auteurs soient mal rémunérés, c'est sans
doute vrai ...mais taxer ceux qui contribuent à développer un secteur de
niche pour qu'il grandisse me semble ignorer complétement le peu de
connaissance du grand public pour a le jeu qu'on défend ici ...
IL se place dès lors comme un objet de consommation qu'il faut préserver de toute utilisation commerciale ....
Ce n'est pas mon approche du jeu , ni des lectures que je fais auprès des enfants ! Pour moi c'est le même combat !
Ainsi les leçons de l'expérience avortée autour du livre n'ont pas été tirées !
Je
sais bien que nous vivons sous emprise de la financiarisation de tout
mais de grâce, que les objets culturels essaient de ne pas s'y inscrire
!
Sachez qu'en milieu rural, garder une librairie repose souvent sur les commandes que lui font la médiathèque municipale !
Comme pour le théâtre il devra y avoir des limites ....mais on est loin d'exploiter des salles entières sur un jeu dans les bars à jeux , ludothèques voire pour ce qui nous concerne plus précisément les ludogîtes.
J'enrichis ma ludothèque sur mes propres deniers pour mes visiteurs et la charte des ludogîtes y contraint tous les ludogîtes adhérents, et par là je rémunère toute la profession du jeu.
Quant à l'association que nous avons créée "Des ânes et des jeux" pour vivre avec les adhérents des soirées jeux , outre les jeux que nous mettons à disposition, nous avons acheté le local, payons assurance abonnements et le chauffage sur nos propres deniers juste pour le plaisir de ce moment convivial et pour amener des gens à découvrir ce pan de notre culture que sont les jeux ... Je ne parle même pas du temps que j'y consacre sans contrepartie...et ce comme beaucoup d'associations autour du jeu !
Si certains se servent plus que d'autres dans la filière, il ne me semble pas que ce soit les bars à jeux ni ludothèques !
Si
j'ai jusque là toujours voulu mettre en avant les acteurs de la
filière, j'avoue que cette approche me rebute non parce qu'elle me
touche directement (le temps que ça sorte , je serai sans doute
incapable de continuer ma contribution au jeu...n'étant ni immortelle,
ni protégée des usures du temps) mais parce que le jeu était pour moi un
média qui avait besoin de l'humain pour se développer, qui se partage
entre amis aussi ... un petit coin d'humanité ...
Reconnaissance du produit culturel : Enjeux et état des lieux (Conférence FIJ 2024)
Conférence enregistrée à Cannes le 24 février 2024 à l'occasion du Festival international des jeux.
On considère qu'un produit culturel est porteur de sens et de valeurs qui contribuent à la diffusion de la culture. Les jeux de société entrent dans cette catégorie en intégrant en permanence des références culturelles, des mécaniques complexes, et en créant des espaces d'exploration et de partage culturel. Comme nous le développerons lors d'une autre conférence, le jeu va aujourd'hui au-delà du simple divertissement, en abordant des thèmes sociaux et culturels profonds. Il bénéficie actuellement d'une reconnaissance croissante en tant qu'objet culturel, avec une intégration grandissante dans des institutions culturelles. Une récente question parlementaire sur la reconnaissance du jeu de société en tant qu’œuvre de l'esprit souligne d'ailleurs cela, en soulevant de nouvelles problématiques.
Au fil de cette conférence, nous explorerons des questions cruciales, examinant le potentiel du jeu de société en tant qu'objet culturel et l'impact de sa reconnaissance sur les autrices et auteurs. Nous nous pencherons sur les évolutions récentes et les perspectives futures pour cerner les enjeux et les opportunités qui découlent de cette intersection entre culture, jeu de société, et propriété intellectuelle. INTERVENANT.ES :
- Benoit Turpin - Auteur -
Président de la SAJ - Maud Charmel - Illustratrice - Membre de la CIL -
Christian Molinari - Editeur - Président de L'UEJ -
Bernard Cabarrou - Musicien et Graphiste - Ex Directeur d'un centre culturel
Animateur : Gaëtan Beaujannot
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