lundi 8 avril 2024

Billet d'humeur qui relie jeux et litterature sur les droits d'usage .. Un petit coup de gueule

 Sur ce blog j'ai déjà partagé des conférences ayant eu lieu sur des festivals qui m'ont particulièrement éclairée, touchée .
Ces conférences sont très intéressantes et je ne peux que conseiller de prendre le temps de les écouter.

Néanmoins dans les dernières minutes  de certaines, un sujet remonté, qui je le sais est aussi en débat devant le GIJS,  m'a quelque peu crispée et j'ai cru y revoir l'ombre de débats déjà rebattus ailleurs, que j'ai vécus dans d'autres horizons professionnels assez proches.

Aussi j'apporterai mon témoignage en forme de coup de gueule sur le sujet qui ne demande qu'à être enrichi d'autres points de vue pourvu que l'échange se fasse en bonne intelligence.

le sujet est sur les droits des auteurs de jeu pour l'utilisation de leurs jeux dans la sphère publique

Je suis franchement étonnée de voir les passeurs de jeu comme les bars à jeux , ludothèques soupçonnés de spolier les auteurs en présentant les jeux dans leurs structures et ce d'autant plus que lors des rendez vous avec les éditeurs, ceux ci nous demandent d'allier la démonstration d'un jeu à une possibilité d'achat car c'est en jouant qu'on prend l'envie de passer à l'acte d'acquisition.
J'ai toujours considéré que les règles, pouvaient être un barrage pour nombre de gens à jouer . Je passe beaucoup de temps à les apprendre et trouver le moyen non seulement de les expliquer mais aussi de faire rentrer les visiteurs dans un jeu.
Je crois ainsi contribuer au développement de ce loisir
J'en veux pour preuve mes visiteurs au ludogîte qui découvrent les jeux et repartent  un peu joueurs mais aussi les joueurs que j'accueille dans notre maison jeux d'Uzerche  qui ont appris avec ces soirées à découvrir les jeux contemporains et aussi à défricher leurs goûts pour ne pas se tromper de jeux qu'ils offrent ou achètent pour leur propre compte ... 

Ma boutique de jeux m'a confirmé que ces joueurs lui rendaient ainsi visite et achetaient sur mes recommandations et les leurs puisqu'ils avaient acquis des connaissances pour  mieux formuler leur demandes.

II y a presque 10 ans le même débat agitait les lectures à voix haute pour lesquelles les auteurs (et surtout leurs représentants) tentaient de réclamer des droits sur ces opérations auprès de publics jeunes ou moins jeunes
Ce sont ces mêmes auteurs qui ont œuvré pour que cette mesure ne soit jamais mise en application pour permettre l'accès à la littérature par le média de personnes qualifiées.
Ainsi se feront les jeunes lecteurs qui réclameront des livres à leurs parents et deviendront des lecteurs adultes .
Quant aux lecteurs adultes ils puisent dans ces moments des idées de lecture , discutent et alimentent ainsi leur passion du livre
Le milieu du livre l'a bien compris ! Il y a un fort besoin de cette émulation pour qu'il continue d'exister et se développe !
Et c'est justement l'approche culturelle qui a fait rétropédaler cette action lancée par je ne sais quel biais.
Daniel Pennac (au nom d'un collectif d'auteurs) étant lui même monté au créneau auprès des législateurs pour en dénoncer l'absurdité !
Il n'en reste que quelques miettes ..des autorisations qu'une poignée d'éditeurs exigent.

Dès sa suggestion , l'application de cette mesure était presque avortée: d'abord il y avait  eu consensus sur l'exception pédagogique en milieu scolaire, et puis elle a été étendue à la lecture publique dans les médiathèques , et puis aux associations qui œuvrent pour que tous accèdent à la lecture telle lire et faire lire et finalement le constat a été qu'on ne pouvait proposer une telle mesure ! Que ça écarterait de la littérature trop de gens !

Évidemment je ne parle pas là d'adaptation au théâtre d’œuvres littéraires  qui quant à elles sont soumises à accord et transmissions de droits.

Pour moi le milieu du jeu se fourvoie car avant même d'être reconnu  comme objet culturel il commence à viser la scie de la branche sur laquelle se développe le jeu.
Que les auteurs soient mal rémunérés, c'est sans doute vrai ...mais taxer ceux qui contribuent à développer un secteur de niche pour qu'il grandisse me semble ignorer complétement le peu de connaissance du grand public pour a le jeu qu'on défend ici ...
IL se place dès lors comme un objet de consommation qu'il faut préserver de toute utilisation commerciale ....
Ce n'est pas mon approche du jeu , ni des lectures que je fais auprès des enfants ! Pour moi c'est le même combat !
Ainsi les leçons de l'expérience avortée autour du livre n'ont pas été tirées !

Je sais bien que nous vivons sous emprise de la financiarisation de tout mais de grâce, que  les objets culturels essaient de ne pas s'y inscrire !
Sachez qu'en milieu rural, garder une librairie repose souvent sur les commandes que lui font la médiathèque municipale !

Comme pour le théâtre il devra y avoir des limites ....mais on est loin d'exploiter des salles entières sur un jeu dans les bars à jeux , ludothèques voire pour ce qui nous concerne plus précisément les ludogîtes.

J'enrichis ma ludothèque sur mes propres deniers pour mes visiteurs et la charte des ludogîtes y contraint tous les ludogîtes adhérents, et par là je rémunère toute la profession du jeu.

Quant à l'association que nous avons créée "Des ânes et des jeux" pour vivre avec les adhérents des soirées jeux , outre les jeux que nous mettons à disposition, nous avons acheté le local, payons assurance abonnements et le chauffage sur nos propres deniers juste pour le plaisir de ce moment convivial et pour  amener des gens à découvrir ce  pan de notre culture que sont les jeux ... Je ne parle même pas du temps que j'y consacre sans contrepartie...et ce comme beaucoup d'associations autour du jeu !

 Si certains se servent plus que d'autres dans la filière, il ne me semble pas que ce soit les bars à jeux ni ludothèques !
 Si j'ai jusque là toujours voulu mettre en avant les acteurs de la filière, j'avoue que cette approche me rebute non parce qu'elle me touche directement (le temps que ça sorte , je serai sans doute incapable de continuer ma contribution au jeu...n'étant ni immortelle, ni protégée des usures du temps) mais parce que le jeu était pour moi un média qui avait besoin de l'humain pour se développer, qui se partage entre amis aussi ... un petit coin d'humanité ...

Est il en train de fracasser par l'action de ceux là mêmes qui aimeraient le voir reconnu ?

Les conférences en référence:
 
𝐀𝐮-𝐝𝐞𝐥𝐚̀ 𝐝𝐮 𝐝𝐢𝐯𝐞𝐫𝐭𝐢𝐬𝐬𝐞𝐦𝐞𝐧𝐭  
Cette conférence explore le contraste entre le jeu de société et d'autres formes artistiques dans leur traitement des sujets sérieux. Nous analyserons les raisons de la réticence du jeu à aborder des thèmes graves, examinant la nature ludique du médium et d'autres facteurs sociaux. En mettant en lumière le potentiel du jeu de société pour traiter des sujets sérieux de manière interactive, la conférence présentera des exemples de jeux réussissant à aborder ces thèmes avec sensibilité. Nous réfléchirons également à élargir le jeu de société en tant qu'expression artistique, explorant son rôle dans la discussion des enjeux contemporains.
Conférence animée par Gaëtan Beaujannot, enregistrée à Cannes le 24 février 2024 à l'occasion du Festival des Jeux Cannes , et à revoir sur la chaîne de Un monde de jeux :
𝐀𝐯𝐞𝐜 𝐥𝐚 𝐩𝐚𝐫𝐭𝐢𝐜𝐢𝐩𝐚𝐭𝐢𝐨𝐧 𝐝𝐞 :
- Henri Kermarrec Auteur, Prix Lizzie Maggie
- Yoann Brogol - Editeur - Subverti Fondateur de Subverti
- Florent Toscano - Editeur - OPLA éditions
- Mathieu Rivero - Auteur, Ecrivain, journaliste
 
Et celle en diffusion après le festival Rennes en jeu: Petite histoire du Jeu de Société
Conférence donnée par Henri Kermarrec, organisée par la Toile Ludique Rennaise le samedi 3 février 2024 lors du festival Rennes en Jeux. 
Découverte de l’évolution des mécaniques et matériels de jeu de société du Néolithique à nos jours, ainsi qu’une approche de leurs liens avec les sociétés qui les jouent.
 
Conférence : https://www.youtube.com/watch?v=e8BurzQFgyo
Reconnaissance du produit culturel : Enjeux et état des lieux (Conférence FIJ 2024)
Conférence enregistrée à Cannes le 24 février 2024 à l'occasion du Festival international des jeux.
On considère qu'un produit culturel est porteur de sens et de valeurs qui contribuent à la diffusion de la culture. Les jeux de société entrent dans cette catégorie en intégrant en permanence des références culturelles, des mécaniques complexes, et en créant des espaces d'exploration et de partage culturel. Comme nous le développerons lors d'une autre conférence, le jeu va aujourd'hui au-delà du simple divertissement, en abordant des thèmes sociaux et culturels profonds. Il bénéficie actuellement d'une reconnaissance croissante en tant qu'objet culturel, avec une intégration grandissante dans des institutions culturelles. Une récente question parlementaire sur la reconnaissance du jeu de société en tant qu’œuvre de l'esprit souligne d'ailleurs cela, en soulevant de nouvelles problématiques.
Au fil de cette conférence, nous explorerons des questions cruciales, examinant le potentiel du jeu de société en tant qu'objet culturel et l'impact de sa reconnaissance sur les autrices et auteurs. Nous nous pencherons sur les évolutions récentes et les perspectives futures pour cerner les enjeux et les opportunités qui découlent de cette intersection entre culture, jeu de société, et propriété intellectuelle. INTERVENANT.ES :
- Benoit Turpin - Auteur -
Président de la SAJ - Maud Charmel - Illustratrice - Membre de la CIL -
Christian Molinari - Editeur - Président de L'UEJ -
Bernard Cabarrou - Musicien et Graphiste - Ex Directeur d'un centre culturel
Animateur : Gaëtan Beaujannot

 

 

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