Cette année nous sommes chanceux: deux petites femelles sont nées...pas du tout dans le standard de la race, ni pour la normande, ni pour la cotentine !!
La première Mandoline du gîte et enfin la petite dernière Margotte du gîte.
Mandoline du gîte |
Elles sont toutes noires et les statistiques montrent que ces "avatars" de couleur sont assez fréquents dans nos races asines jeunes (25 ans qu'elles sont reconnues...en théorie ça pourrait faire 8 générations mais c'est assez rare: il faudrait que chaque génération ait donné une femelle pour ça !!)
Dans notre cas cette année Arpège n'est "que" de troisième génération , une quatrième connue sur sa grand mère paternelle...elle a eu deux filles Haend'Elle du gîte, qui devrait donner naissance cette année chez Emmanuel du Gladys à un ânon et Klarine du gîte encore jeune.
Il faut dire qu'Arpège est déjà une fille de notre baudet reproducteur, et sa mère de notre autre baudet aujourd'hui disparu et nous ne l'avons mise à la reproduction qu'une fois son grand père parti et remplacé !
Quant à Bergère, c'est une "vieille " chez nous qui nous semblait stérile, tant les naissances attendues n'ont pas eu lieu jusqu'à Kaolin il y a deux ans et aujourd'hui Margotte du gîte
Nous sommes donc malchanceux malgré tout car ces petites ânesses là ne prolongeront pas les lignées de race !!
C'est ainsi l'occasion de parler de ces objectifs de race !!
Vous le savez, c'est avant tout pour nous : prolonger le travail empirique des anciens qui ont façonné sans artifice un animal fort pouvant porter lourd (pour le transport du lait) pour ce qui concerne les races normandes, un animal de petite taille, pour pouvoir le charger, un animal bien que d'origine désertique qui supporte un peu l'humidité .
Margotte du gite |
Bien entendu ce ne sont pas les couleurs qui ressortent çà et là qui mettront à bas ces qualités !! Mais on comprend que lorsqu'un standard s'écrit , on cherche à éliminer les influences venues d'ailleurs qui pourraient perturber les attendus car on sait bien que les dernières années avant le travail de fourmi de ceux qui ont porté le dossier devant les ministères pour fixer les caractéristiques de race ont aussi été des années où le" toujours plus" s'imposait en élevage... Ce n'est pas que les couleurs ou l'absence de croix sont de mauvais aloi pour leurs aptitudes , c'est qu'elles pourraient être des indicateurs de croisement avec des animaux plus grands, plus gourmands, plus élégants (comprenez plus fins dans leur squelette)
Quoiqu'il en soit dans notre cas précis nous connaissons au moins sur les quelques générations antérieures les forces et faiblesses des familles concernées ...famille signifiant ascendants, frères et sœurs, oncles, tantes, neveux et nièces , autres descendants ...nés chez nous, raison pour laquelle nous ne nous sentons pas si malchanceux de ces naissances qu'à nos débuts dans cet élevage.
Donc à tous les détracteurs de race , je le dis : nous nous sommes inscrits dans ce courant de préservation pour ce qu'il porte de transmission des générations avant les stud-book, pour sauvegarder l'expression de gênes qui pourraient être absorbés dans la grande fusion de tous les caractères...ce qui est une base de la biodiversité contrairement au brassage non contrôlé.
Et puis socialement appartenir à une communauté d'amateurs permet d'échanger et se mesurer dans nos travaux d'éleveurs.
Maintenant que nous nous sommes éloignés du berceau de race, nous ressentons cette distance avec ceux qui portent ces valeurs ensemble mais le privilège des anciens , c'est aussi la connaissance des gens, d'en garder les contacts, de l'histoire de nos animaux et de leur famille...
Nous avons choisi d'emmener nos animaux normands en Corrèze, le biotope y est assez comparable : l'hiver y est cependant plus rude, le sol plus acide et les mouches plus nombreuses.
Il nous a fallu nous adapter à ces différences dans la façon de mener nos animaux et eux aussi se sont aguerris au froid hivernal (la première année , herbe et foin ne pouvaient suffire à cette lutte contre le froid et nous n'avons pas hésité à compléter même si notre crédo est le pâturage)
Aujourd'hui l'hiver se passe bien et en cas de problème, bien sûr nous mettons les animaux à l'écurie (même si ça les fragilise )
Le Limousin pourtant terre d'ânes, comme de nombreux marchés aux ânes en témoignent, ainsi qu'une palette de photos d'époque, n'a pas défendu son animal aux longues oreilles pour représenter sa région privilégiant vaches limousines, porcs cul noir, coq limousin aux magnifiques mouches de pêche et moutons ....), nous ne pouvions donc qu'y "introduire " (!) des animaux venus d'ailleurs ...
Une chance pour nous qui ne voulions pas nous séparer de nos ânes !!
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